Retour en terre des Hommes

Un retour émouvant et tant attendu

Les chameaux grognent, bougent. La rahla est posée en avant de la bosse, sanglée. Atfeil et son fils Zohor virevoltent avec précision autour des animaux. Heureux, ils sont heureux. Dans l’Adrar Et Tmar, en Mauritanie : le plaisir de nous retrouver est réel. Voici maintenant 8 ans que nous ne nous sommes pas vus. Nos cheveux ont blanchi ; le travail du temps est implacable. Les enfants ont grandi, ce sont des hommes vigoureux et des jeunes femmes ravissantes maintenant. La vie du désert est immuable à cet endroit, le temps s’écoule simplement comme une poignée de sable dans la main, longtemps, inexorablement. Nous partons plein sud pour nous enfoncer en brousse comme on dit en Mauritanie, El badiyat. Quel plaisir de fouler à nouveau ces grands espaces purs, de côtoyer nos compagnons, de dormir sous les étoiles, de scruter l’horizon sans but précis. Nous avons marché tranquillement, avancé en laissant nos instincts guider nos pas. Le plaisir d’être là était suffisant…

De magnifiques souvenirs, d’agréables moments à venir

Mars 2018 : oui mon ami Atfeil, nous recommençons ! Non, plutôt nous poursuivons l’écriture de l’histoire du tourisme saharien. L’environnement a changé, mais le désert mauritanien reste fidèle à lui-même. Atfeil, tu te souviens notre première bambée ensemble… en 1994 ? Tu te méfiais de moi comme moi de toi. Nous étions parties du puits au milieu de l’oued, tout droit, en milieu de la matinée. Tu ne me lâchais pas du regard, interrogateur, curieux, mais aussi défiant. Que vient faire ce nasrani (étranger/chrétien) dans l’Adrar (montagne/région saharienne) ? Pourquoi marche-t-il ? Pourquoi ne veut-il pas monter à chameau ? À pied, 45 km plus loin, nous atteignons Wadâne au soleil couchant. Spectacle unique, moment magique et une amitié indéfectible est née ce jour-là.  

Retour du tourisme saharien en Mauritanie, retour d’une histoire d’amour

Tout le monde est prêt ! Cette interruption de 10 ans a été difficile pour tout le monde. Vous êtes retournés à l’essentiel, la vie rude du désert, isolé du reste du monde. Nous sommes repartis à la rencontre de ceux qui ont fait vivre cette belle histoire, de ces lieux qui ont façonné ma vie. Ici, la sérénité est de mise, pas l’ombre d’une inquiétude, la vigilance n’a pas sa place. L’Adrar mauritanien est paisible comme nous ne l’avions jamais connu. Mon dernier voyage datait de juillet 2008, tout le monde était en attente d’une reprise, du retour de la confiance avec une grosse dose d’incompréhension. En 2018, ils sont toujours en attente avec des fortunes diverses. Mon frère et ami Mohamed Salem a, au fils du temps, vendu tous ses chameaux et peu à peu, il s’est recroquevillé dans sa maison. Le moral a fui cet homme si généreux et gai. Son frère Mahmoud, lui, a préféré s’écarter de la ville et a su conserver une partie de son cheptel. Motivé, il est fin prêt à reprendre les caravanes. Il parle avec énergie et conviction. L’Adrar mauritanien plus prêt de jamais ! Le bourg de Wadâne a changé ; les ruines de la cité antique ont été restaurées. Le minaret de la mosquée du XIIe siècle a été redressé, petit carré. La ville nouvelle s’est étendue sur le plateau au nord-est permettant à l’ancienne cité caravanière de garder son cachet au-dessus de la palmeraie. Amis voyageurs, nous vous invitons à parcourir de cette région, vous imprégner des environnements humains et naturels mauritaniens si singuliers loin des turpitudes du quotidien. Tout est maintenant en place pour que nous puissions vivre des moments inoubliables. Encore plus qu’avant, forts d’une expérience unique acquise au fils des décennies, nous développons des voyages rares avec responsabilité, éthique et respect.

Sylvain, Détours Mauritanie Voyages mars 2018